"On n’était plus vraiment Toulon", après la victoire face à Bordeaux, le talonneur du RCT Teddy Baubigny se confie

Capitaine du navire toulonnais la saison dernière, titulaire indiscutable au poste de talonneur, Teddy Baubigny a, comme le RCT, vécu un dernier mois compliqué… marqué par une gifle à Vannes, une humiliation face à Toulouse et un demi-match à Pau. Quelques minutes après la victoire face à Bordeaux-Bègles ce dimanche, l’international (26 ans, 3sélections) a accepté de se confier pour Var-matin. Sans se cacher, ni oublier de se projeter.
La dernière victoire du RCT remontait au 19 avril. À l’issue du succès face à Bordeaux à Mayol, on a retrouvé des sourires…
Et ça fait plaisir! On en avait besoin. Je pense que, sur le terrain, on a pas mal déplacé le ballon, on s’est procuré des situations et on a été plutôt conquérants en conquête. Après, il y a forcément un peu de frustration avec nos nombreuses fautes de mains dans les vingt derniers mètres. J’ai l’impression qu’on y a passé 50% du match. Sinon, c’est positif. Mais on aurait aimé scorer un peu plus.
Collectivement, avez-vous l’impression d’avoir sorti la tête de l’eau?
Totalement. Ce dernier mois et demi a été compliqué, que ce soit en termes de contenu ou de résultats. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on a eu un passage à vide… mais on s’est mis un peu de doute, on s’est perdu sur certains secteurs. On ne tenait plus le ballon et on n’était plus vraiment Toulon. Alors, oui, face à Bordeaux, tout n’est pas parfait, mais c’est une belle victoire face au champion d’Europe. Ce n’est pas rien. Ça montre surtout que, quand on est un peu ambitieux et qu’on est nous-mêmes, bah merde quoi, on est capable de gagner.
Comment expliquer ce trou d’air? Est-ce uniquement lié à la déception de l’élimination en Champions Cup? Le mal était-il plus profond?
Sincèrement, c’est un peu étonnant… et je n’ai pas vraiment d’explication. À Vannes, on se retrouve face à une équipe qui joue sa survie. On pouvait gagner… et on finit par craquer. Contre Toulouse au Vélodrome, c’est une fessée, il n’y a rien à dire. Et après, il y a Pau, où on part de trop loin, avec 25 points encaissés, pour revenir. Même si, honnêtement, j’ai vraiment cru qu’on allait le faire. Mais bon, ce sont les aléas d’une saison. Je préfère que ça nous arrive maintenant, qu’on en prenne tous conscience et qu’on avance, plutôt qu’on le traîne encore.
Pendant la coupure européenne, vous en avez profité pour organiser, avec les leaders, des moments de vie collective. Baptiste Serin a pu confier que pour lui, ces instants étaient "essentiels". Partagez-vous ce sentiment?
Oui, on en avait besoin. On a fait des activités collectives, des journées cohésion, avec quelques bons moments tous ensemble. C’était nécessaire. Dans un effectif, tout ne peut pas toujours être linéaire. Il y a des choses à régler, à se dire quand l’équipe perd un peu. On l’a fait, ensemble. C’est une bonne chose pour remettre la marche avant. On se doit d’être ambitieux la semaine prochaine à Bayonne. Et si on doit jouer un barrage, j’espère qu’on aura pris un peu d’expérience par rapport à l’année dernière [Toulon s’était fait éliminer à Mayol par La Rochelle, 29-34].
On vous a également senti, à l’image de l’équipe sur ce dernier gros mois, moins en forme, moins en confiance. Comment avez-vous vécu cette période?
Pas très bien. C’était plutôt délicat. J’étais peut-être un peu en dedans, un peu la tête ailleurs, un peu fatigué… mais je ne me suis pas senti très bien. Je joue à un poste clé et je ne peux pas me permettre de dégager ça. En tout cas, retrouver un Mayol comme celui face à Bordeaux, ça rend vraiment heureux et ça remet en confiance.
Pendant cette période de moins bien, êtes-vous plutôt du genre à vous renfermer? À vous tuer à la tâche? À vouloir immédiatement enchaîner?
J’ai plutôt envie de très vite basculer et rejouer. Je déteste rester sur du négatif. Et ici, à Toulon, le positif est très positif et le négatif est très négatif. Quand tu es en repos mais que les résultats sont moyens, tu le ressens aussi dans ton quotidien. Mais il faut retrouver ce qui a fait notre force. Sur ce match face à Bordeaux, on a peut-être laissé passer un point, mais on est heureux d’avoir été nous-mêmes… et moi le premier. J’ai pris du plaisir.
Ce cinquième point "laissé" change sacrément la donne pour la dernière journée, non?
C’est sûr, il n’empêche qu’il faut quand même jouer tous les matches pour les gagner. J’ai aucune idée de l’équipe que Pierre [Mignoni] alignera mais je suis convaincu qu’on ira pour rivaliser. On est à 80 minutes de la phase finale et tout le monde a envie d’être sur le terrain, de gagner une place pour le match suivant. On sera un Toulon conquérant et ambitieux à Bayonne. Il est hors de question qu’on y aille pour préparer le barrage. Ça, c’est n’importe quoi. La meilleure façon de se préparer, c’est de montrer qu’on est un groupe et de gagner là où personne ne l’a encore fait cette saison.
Var-Matin